Les confidences de la Niçoise Michèle Mercier, décorée de la Légion d’honneur à Cannes

Inoubliable "Angélique, Marquise des anges" au cinéma et à la télévision, l’actrice a reçu les insignes d’officier des Arts et des lettres et la Légion d’honneur en mairie de Cannes.

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Alexandre Carini Publié le 02/03/2024 à 10:40, mis à jour le 02/03/2024 à 10:40
Michèle Mercier, une grande femme du cinéma, au-delà d’Angélique. Photo Patrice Lapoirie

Elle apparaît en mairie de Cannes, avec une fragilité apparente, mais aussi ce rayonnement qui en fit une star. Michèle Mercier, éternelle Marquise des anges… Cette fois, pas de Geoffrey de Peyrac balafré pour lui infliger des plaies au cœur qui ne cicatriseront jamais. Ni de sultan séduisant pour lui inspirer mille et un désirs érotiques. Mais des proches, des amis, et un comité restreint pour lui remettre l’insigne des Arts et des lettres et la Légion d’honneur. Pour l’actrice niçoise qui rêvait d’être danseuse étoile, la reconnaissance tardive de tout son talent et de sa carrière, au-delà de l’image sex-symbol. Dans l’assistance, le fidèle Henry-Jean Servat, qui lui a consacré un livre et promet de lui "rendre aussi un grand hommage populaire à Nice". Par son truchement, Michèle Mercier a répondu aux questions que nous lui avons transmises. Avec son caractère de femme forte, qui vaut bien son angélique héroïne…

Cette double décoration: un honneur bien sûr, mais aussi, enfin, une reconnaissance?

Bien sûr! Je ne vais pas masquer ma joie, d’autant plus que je n’ai rien sollicité, ce n’est pas mon genre. Plusieurs amies ont écrit au président de la République, et ce dernier m’a informé qu’il me décernait la Légion d’honneur sur son contingent personnel. Ça ne va rien changer à ma vie, mais je suis ravie de voir que ce que j’ai pu faire au cinéma, et que le public a aimé, a traversé les années et les générations.

Vous incarnez à jamais Angélique. Pourquoi elle?

Je n’étais pas le premier choix de la production et du metteur en scène, qui voulaient Brigitte Bardot. Elle y a finalement renoncé, et beaucoup d’actrices comme Marina Vlady ou Jane Fonda ont été approchées. Mais lors d’un tournage avec Vittorio Gassman en Italie, on m’a fait revenir à Paris pour des essais, alors que je n’étais pourtant pas une débutante. J’ai coiffé une perruque vénitienne pour jouer tous les sentiments, et quand ce fut la colère, j’ai explosé littéralement et quitté le plateau! Il faut croire que j’ai été bonne, puisqu’ils m’ont choisie… Angélique était une femme que j’avais en moi, révoltée, amoureuse, qui éprouvais de la joie, du chagrin, le désespoir et même l’extase.

La saga Angélique figure au patrimoine du cinéma français. Mais vous, vous avez été prisonnière du mythe?

Bien sûr! Je m’en suis aperçue lorsqu’aussi bien à Hollywood qu’en Russie, tout le monde ne me parlait que d’Angélique. Et on ne me proposait que des rôles d’amoureuse. J’ai bataillé pour jouer des personnages opposés, mais tout me ramenait à Angélique. J’ai d’abord vécu avec elle comme avec une ennemie, dont je devais me libérer de l’emprise. Puis j’ai fini par l’accepter, et j’ai décidé de vivre avec elle comme une amie.

Vous avez refusé de tourner de nouveaux épisodes malgré un succès assuré?

La série finissait par devenir moins bien, et le désir du public commençait à s’émousser. J’ai compris qu’il fallait tirer un trait, et passer à autre chose. Mais Angélique me poursuit toujours!

Vous êtes devenue star de cinéma, mais vous vouliez être étoile de la danse?

Si je me suis lancée dans le métier artistique, c’était pour devenir danseuse étoile. J’étais petit rat à l’opéra de Nice, puis j’ai dansé à Paris avec Roland Petit. Le hasard a voulu que mon père pharmacien livre des médicaments au réalisateur Denis de La Patellière. Vous connaissez la suite… J’ai d’ailleurs tourné deux de mes premiers films, Retour de manivelle et Mademoiselle Ange, aux Studios de la Victorine.

Une cinquantaine de films en France, une vingtaine en Italie. Votre regard sur votre carrière?

J’ai fait de très bons films, de moins bons, mais rien dont j’ai eu honte. J’ai un peu travaillé dans tous les genres, avec des metteurs en scène différents, et mine de rien, tout cela assemblé, ça fait quand même une œuvre.

Le film sur Diane de Poitiers?

J’ai longtemps porté le projet, avec Lambert Wilson dans le rôle d’Henri II, mais finalement, ça a capoté. Ça m’a rendu triste, mais je ne vais pas me lamenter sur ce qui ne s’est pas fait.

Parmi tous les partenaires masculins avec lesquels vous avez tourné, votre préféré?

Le prochain!

Et puis Gainsbourg, qui vous a écrit ?

Je l’ai chanté sur Une veuve en or. Mais je n’ai pas de chance, c’est la seule chanson de Gainsbourg pour une actrice qui n’a pas marché!

Avec les hommes en privé, une vie tumultueuse aussi?

J’ai peut-être eu une vie sentimentale tumultueuse, mais je suis fidèle à l’amour…

Qu’est ce qui vous caractérise le plus: sex-symbol, grande actrice, femme admirable et vulnérable?

Je souhaite qu’on pense à moi comme quelqu’un de sincère, qui n’a jamais triché. Quand je jouais, je me donnais à fond, même si ça m’a joué des tours…

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Var-Matin

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