Accueil

Agora Tribunes libres
Les villes sous-préfectures méritent toute l’attention (financière aussi) de l’État
"Imagine-t-on l’effet que produirait sur les habitants de certains territoires, une ville centre mal entretenue, inapte à recevoir les usagers de la sous-préfecture et n’offrant pas l’ensemble des services annexes qui s’installent dans les plus grands arrondissements ?"
Frederic Scheiber / HANS LUCAS via AFP

Les villes sous-préfectures méritent toute l’attention (financière aussi) de l’État

Tribune

Par

Publié le

Les communes sous-préfectures sont des vitrines : elles représentent, par les services qu’elles offrent ou ne peuvent offrir, la considération que l’État porte ou non aux habitants qui y vivent et à ceux, surtout, des environs qui les fréquentent. Dix-sept maires de sous-préfectures, en appellent à une plus importante participation financière de l’État, à l'initiative de l'association Mouvement pour le développement des villes sous-préfectures.

Les villes sous-préfectures constituent les terminaisons nerveuses de la République dans l’ensemble du territoire. Pour nos concitoyens elles sont un relais de proximité essentiel à leurs démarches et d’autant plus nécessaire qu’elles se trouvent souvent enclavées dans des territoires ruraux éloignés ou à l’inverse dans des territoires urbains très denses.

Des villes de flux

Les villes sous-préfectures sont d’abord des villes de flux. Des villes parfois moyennes, souvent petites où sont amenés à se rendre plusieurs dizaines de milliers d’habitants pour les plus petits arrondissements, plusieurs centaines pour les plus grands.

Ces milliers d’habitants ce sont des flux, et les flux imposent des aménagements : routes, trottoirs, réseaux de transports en commun, parkings… Au Raincy, en Seine-Saint-Denis, ce ne sont pas moins de 250 bus qui traversent la ville chaque jour, des véhicules lourds qui pèsent fortement sur l’entretien des voies principales.

A LIRE AUSSI : David Desgouilles : "Plaidoyer pour un retour du député-maire"

Il convient d’y ajouter les moyens humains supplémentaires financés par les villes : agents d’entretien et services d’intervention sur les voiries, police municipale… Autant de frais qui constituent les charges de centralité.

Si nous voulions être exhaustifs, nous pourrions également énumérer les services supplémentaires qui ne manquent pas de s’installer dans les villes sous-préfecture, au bénéfice de leurs habitants bien sûr, mais en engrangeant toujours d’avantage d’investissements pour leurs mairies : centre de sécurité sociale, tribunal de proximité pour ne citer que deux exemples. Leur développement rend l’augmentation des charges exponentielles pour les villes concernées.

Des engagements financiers sans compensation de l'État

Au-delà de ces exemples, il nous faut prendre en compte les services qui sont proposés car ils relèvent de ce que les habitants s’attendent à trouver dans une ville sous-préfecture. C’est le cas notamment des espaces de soins. Les villes sous-préfectures n’ont pas d’obligation d’offre de soins, mais tout citoyen se rendant dans ces centralités compte y trouver tant des établissements hospitaliers ou rattachés que des spécialités non représentées dans leurs villes.

Les charges de centralité en dehors de leur coût exponentiel pèsent donc de plusieurs manières sur les villes sous-préfectures : de façon directe avec les moyens mis en œuvre, de façon indirecte avec les services liés et de façon inconsciente avec l’attente des habitants. Il en va de même pour la culture, les sports, l’éducation, les associations, la sécurité, les infrastructures, etc. Les exemples sont nombreux.

Le bon fonctionnement de ces villes agit aujourd’hui comme le miroir de l’efficacité de l’État dans ces territoires.

Pour ces engagements financiers, les villes sous-préfectures ne perçoivent pas de compensation de la part de l’État. Le bon fonctionnement de ces villes agit pourtant aujourd’hui comme le miroir de l’efficacité de l’État dans ces territoires. Imagine-t-on l’effet que produirait sur les habitants de certains territoires, une ville centre mal entretenue, inapte à recevoir les usagers de la sous-préfecture et n’offrant pas l’ensemble des services annexes qui s’installent dans les plus grands arrondissements ? Des centralités administratives en décrépitude seraient le symbole définitif de ce que beaucoup de Français soupçonnent : l’abandon par l’État des territoires.

A LIRE AUSSI : Contre une décentralisation "cul par-dessus tête", les promesses de Macron aux maires

C’est aussi conscient de l’importance de la vitrine que représentent les villes sous-préfectures que les maires et les élus veillent à offrir aux citoyens des conditions d’accueil optimales lors de leurs venues. De cela, ils ne tirent pas de profit électoral : d’une part, car ces usagers ne sont que minoritairement de la ville même ; d’autre part, car dans l’imaginaire du citoyen qui se rend dans sa sous-préfecture, c’est l’État qui l’y accueille, pas la ville.

Cela fait partie de l’engagement initial de nos élus, car le maire agit aussi en tant que représentant de l’État dans sa ville. Si le maire s’engage, l’État doit aussi participer. Une Dotation globale de fonctionnement majorée, dès 2024, doit être promue. C’est le sens de l’accord tacite auquel souscrivent nos édiles : ils s’engagent à travailler main dans la main avec l’État.

Signataires :

Jean-Michel Genestier, maire du Raincy (Seine-Saint-Denis, 93) ;

Bernard Guiraud, maire de Lesparre-Médoc (Gironde, 33) ;

Pierre Berthier, maire de Charolles, Vice-Président du Conseil Départemental (Saône-et-Loire, 71) ;

Chantal-Marie Malus, maire de Château-Chinon (Nièvre, 53) ;

François Dietsch, maire de Val de Briey (Meurthe-et-Moselle, 54) ;

Franck Marlin, maire d’Etampes (Essonne, 91) ;

Emmanuel Riotte, maire de Saint-Amand-en-Montrond et Vice-président du Conseil départemental (Cher, 18) ;

Nadine Grelet, maire de La Flèche (Sarthe, 72) ;

Georges Mothron, maire d’Argenteuil (Val-d’Oise, 95) ;

Alain Hunault, maire de Châteaubriant (Loire-Atlantique, 44) ;

Bernard Liperini, maire de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence, 04) ;

Joël Hocquelet, maire de Marmande (Lot-et-Garonne, 47) ;

Éric Houlley, maire de Lure et Vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté (Haute-Saône, 70) ;

Jacques J.-P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne et Vice-président du Territoire Paris Est Marne & Bois (Val-de-Marne, 94) ;

Anne Cardinal, maire de Langres (Haute-Marne, 52) ;

Marc Angenault, maire de Loches (Indre-et-Loire, 37) ;

Fabien Verdier, maire de Châteaudun (Eure-et-Loir, 28), président du Grand Châteaudun et président de l’Association « Mouvement pour le développement des villes Sous-préfectures ».

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne