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Armoiries de la Ville de Nantes Prairie puis quartier de la Madeleine (1/2)

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Anciennes halles du Champ-de-Mars


L’implantation des halles centrales sur la prairie de la Madeleine consacre l’inclusion de cette ancienne prairie inculte dans le centre-ville de Nantes. Tout d’abord construite en bois, les halles centrales deviennent dans les années 1930 l’un des plus beaux bâtiments Art Déco de la ville, ouvert sur le canal Saint-Félix et approvisionné par un ponton situé sur le quai Magellan.

Un marché de gros aux légumes

Dès 1841, l’établissement d’un champ de foire aux bestiaux sur l’île de la Madeleine est envisagé pour suppléer à celui de la place Viarme mal pratique et dangereux pour les animaux. La société des terrains de la Madeleine, propriétaire d’une grande partie des terrains vierges de l’île, propose à la ville un achat de quatre ou cinq hectares pour environ 280 000 francs. Mais le projet est finalement abandonné sur les conseils de l’architecte-voyer qui rappelle au conseil municipal que le seul moyen d’accès à ces pâtures est la ligne des ponts, que les « rues » privées qui desservent les terrains devront sans doute être rachetées et que les terrains étant immergés sous les grandes eaux pendant six mois de l’année, il sera nécessaire de remblayer.

L’utilisation des terrains de la Madeleine pour implanter un équipement public est réactivée en 1903 à la faveur de la nécessité de construire un bâtiment pour transférer le marché aux légumes. Le Champ-de-Mars est suffisamment proche de la Loire et de la gare pour faciliter les contacts entre les acheteurs et les vendeurs, rendre les transactions promptes et les expéditions rapides, et suffisamment loin de la place Viarme pour ne pas impacter les marchandes de légumes. Pour abriter ce nouveau marché, la Ville choisit de réutiliser le pavillon des Arts libéraux construit lors de l’exposition industrielle de 1904. L’entreprise Carde établie à Bordeaux remonte ce bâtiment en charpente et le livre en janvier 1905.

Dès 1911, les éléments de charpente, élevés à même le sol, présentent des dégâts importants et des signes d’affaissement. En 1918, le bâtiment est cédé – en raison de sa localisation et des vastes terrains qui l’entourent – à l’armée américaine pour y installer un atelier de réparation automobile. Le marché est alors déplacé provisoirement dans un entrepôt du quai André Rhuys.

Le projet de création des halles

A partir 1920, la création de halles centrales est évoquée et, le Champ-de-Mars semble être la meilleure implantation possible : la présence du marché de gros aux légumes a fixé le caractère de la zone avec l’installation des entreprises d’exportation maraîchère et le Champ-de-Mars est la seule zone vierge assez grande pour accueillir ce type d’activité.

Le projet ne se concrétise qu’en 1931. Étienne Coutan, architecte en chef de la ville, propose de confirmer la création des halles sur le Champ-de-Mars à cause de l’ouverture du site sur la Loire. Il dresse alors un premier projet qui évolue jusqu’en 1933 avec un édifice à deux niveaux qui associe un marché, placé au rez-de-chaussée, et une salle des fêtes, à l’étage. Sur le plan urbain, le projet de Coutan donne toute son importance au canal Saint-Félix où les quais sont envisagés comme un lieu de promenade et d’amusement, et où une gare fluviale installée face à l’entrée du marché permet aux denrées et aux badauds de circuler.

En 1935, la Ville consolide son budget grâce à la participation financière de la société des foires commerciales séduite par la présence de la salle supérieure. La Ville lance donc un concours d’architecture en mai 1936.

Le projet séduit les architectes et les entrepreneurs du bâtiment nantais. Nombreux sont ceux qui travaillent d’arrache-pied pour proposer un édifice répondant à l’esthétique recherchée et aux contingences techniques de ce bâtiment édilitaire. Leur déception est donc d’autant plus forte lorsque la Ville choisi le projet des Entreprises Limousin, domiciliée à Paris. En réaction, les déçus décident de lancer un « Salon des refusés » pour permettre aux Nantais de juger les offres qui ont été écartés.

Le projet des entreprises Limousin réalisé par les ingénieurs du service technique est plus cher que l’estimation initiale car il augmente la surface utile de 1410 mètres carrés afin de répondre aux nouvelles normes d’utilisation d’un chariot de 16 tonnes. Suivant l’avant-projet d’Étienne Coutan le bâtiment proposé superpose un marché au rez-de-chaussée et une salle polyvalente (foire, fêtes, réunion, congrès, etc.). Sur le plan esthétique, les façades qui allient équilibre des volumes et pureté des lignes générales sont rythmées par des décrochements successifs avec de larges verrières.

L’entreprise a cherché à éliminer les grandes surfaces planes en béton qui « acquièrent trop rapidement un aspect grisâtre, triste et pauvre ». Une grande partie de la réflexion a été affectée à la question de la couverture de la salle supérieure. En effet, cet espace devant potentiellement accueillir des réunions ne pouvait être traité comme un hall de gare ou d’usine. Ils ont donc proposé un système de toiture à voûtes masquées par des corniches invisibles pour les spectateurs placés sur le Champ-de-Mars et la salle polyvalente a été couverte en plafonds horizontaux et pourvue d’une ossature adaptée à de possible partitions en petites salles.

Un lieu pour les évènements et foires de la vie nantaise

Commencé en juillet 1936 et achevé en septembre 1938, la construction de ce nouveau palais commercial nécessite près de 90 000 journées de travail d’ouvriers. La nature du terrain alluvionnaire conditionne la mise en place de 225 pieux en béton armé moulés mesurant entre 25 et 30 mètres de haut. Le bâtiment en béton armé est long de 150 mètres, large de 40 mètres et haut de 20 mètres ; 3700 tonnes de ciment, 6700 mètres cubes de béton, 850 tonnes d’acier et 2000 mètres carrés de baies vitrées sont utilisées. La réussite du chantier est si flagrante qu’il fait l’objet d’une monographie publiée dans la revue Travaux.

Dès l’ouverture, le site accueille les Floralies, puis les grands évènements et foires de la vie nantaise. Elle peut accueillir 6000 spectateurs assis, 10 000 debout  : tour de France, grandes tournées musicales, congrès, meetings politiques, théâtre de marionnettes…

Une partie des marchandises sont amenées par bateau via le ponton installé sur le quai Magellan.

L’implantation des halles centrales au Champ-de-Mars durera jusqu’en 1969. À cette date, l’ouverture du MIN transfert l’activité de vente de gros sur la Prairie-au-Duc, actuelle île de Nantes. Jusqu’à la construction du palais des sports de Beaulieu en 1973, le bâtiment accueille encore quelques rencontres sportives ; puis, se retrouve sans affectation. Désaffecté pendant une quinzaine d’années, il est démoli en 1988.

A son emplacement, les architectes Yves Lion et Alan Levitt édifient au terme d’un concours international la cité des Congrès. Inauguré en 1992, le bâtiment s’inscrit dans la trame urbaine et accueille des événements à caractère professionnel que des manifestations culturelles et sociétales.

Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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Rédaction d'article :

Julie Aycard

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