Véronique de Viguerie photographie les chasseresses du XXIe siècle

Véronique de Viguerie en 2018 dans son exposition sur le Yemen ©AFP - RAYMOND ROIG
Véronique de Viguerie en 2018 dans son exposition sur le Yemen ©AFP - RAYMOND ROIG
Véronique de Viguerie en 2018 dans son exposition sur le Yemen ©AFP - RAYMOND ROIG
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Véronique de Viguerie expose à la BNF un portrait de la France d'aujourd'hui grâce aux chasseresses. Autrefois bastion masculin, la chasse attire de plus en plus de femmes.

Avec

La BNF expose une restitution partielle et non exhaustive de La Grande Commande** faite à 200 photographes lauréats. 450 de leurs clichés seront exposés pour montrer  “La France sous leurs yeux. 200 regards de photographes sur les années 2020”, une France post crise sanitaire, pleine de colère, et fracturée. Une nouvelle exposition à la Bibliothèque Nationale de France, site François­ Mitterrand à Paris, du 19 mars au 23 juin.

A cette occasion, Véronique de Viguerie, célèbre photojournaliste, connue notamment pour ces reportages en Afghanistan et au Yémen, s'est intéressée aux chasseresses. Ce reportage est une immersion dans le monde rural des chasseurs, plus spécialement celui des chasseresses, plus complexe qu’il n’y paraît. À l’image d’Artémis, déesse grecque de la chasse, elles sont féminines, délicates, respectent les animaux et la nature. Si ces Dianes 2.0 ont été photographiées de manière classique afin de nous rappeler que la chasse existe depuis la nuit des temps, certains détails des images révèlent leur modernité.

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L'édito M
2 min

À cette occasion, on explore l'éthique d'une photographe en zone de guerre. Avec sa complice Manon Brunel, qu'elle a rencontrée en Afghanistan, la photojournaliste Véronique de Viguerie a sillonné un grand nombre de zones de guerre et de conflits, du Yémen en Afghanistan, en passant, entre autres, par les favelas de Rio. Un travail qui n'est pas sans danger. Elle a été plusieurs fois primée pour des reportages en Irak, au Yémen, en Afghanistann et récompensée par le prestigieux Visa d'Or à Perpignan en 2018 pour un reportage rare au Yémen notamment.

Photographier les différentes faces d'une zone de guerre

La photojournaliste confie avoir toujours eu à cœur de montrer tous les à-côtés d'un conflit, autant ceux qu'on peut percevoir, que les autres. Son long reportage sur un escadron de talibans responsables de la mort de plusieurs soldats français qui avait été publié dans Paris-Match, lui avait été reproché. Elle raconte les conditions de plus en plus difficiles pour mener ce travail-là, de montrer la guerre sous tous ses angles : "Je ne supporte pas les visions binaires en noir et blanc où il y a les gentils d'un côté, les méchants de l'autre, parce qu'en réalité, sur place, on se rend compte que ce n'est pas vrai du tout, que c'est beaucoup plus nuancé et complexe que cela. Il y a des zones de gris partout, et c'est la raison pour laquelle il est essentiel de continuer à les photographier, même si ça devient de plus en plus compliqué. Je pense que c'est indispensable de ne pas être complètement figé dans ses convictions et de nuancer la réalité de la guerre. Chaque homme peut faire des choses affreuses et injustifiables. Les guerres sont toutes très différentes".

Véronique de Viguerie raconte que ce qui l'anime autant dans les zones de guerre, c'est avant tout dans les pires endroits de la planète que les gens fuient à tout prix, qu'une partie des victimes font preuve d'une humanité et d'une solidarité indéfectible pour combattre le mal et panser les maux de la guerre : "Contrairement à ce qu'on pense souvent, les zones de conflits peuvent être des révélateurs d'humanité. La première zone de conflit que j'ai couverte, c'était en Afghanistan et c'était un peu par hasard, et j'ai aimé cette ambiance où tout est un peu à vif, où tout est extrême, exacerbé. Je crois que je suis un peu devenue accro, car ce sont des zones où il y a une intensité qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Si j'ai côtoyé le pire de l'humanité, j'ai aussi vu des choses extraordinaires, des espèces de mouvements de solidarité, par exemple, qu'on ne voit qu'en zone de conflit, où des gens se révèlent être incroyablement bons, altruistes."

Immortaliser la vie qui continue face à la cruauté de la guerre

Elle photographie aussi les vies qui continuent malgré tout, dont celle de femmes au cœur de ces régions et qui ne se laissent pas faire, des femmes les armes à la main. Il y a quelques années, elle avait une exposition à Clermont-Ferrand qui s'appelait "Un instant suspendu", avec des images de vie quotidienne au milieu des débris, au milieu de la guerre. C'est cela qui la touche le plus, cette vie qui continue malgré tout, dans les interstices entre les alertes à la bombe : "Je trouve beaucoup plus intéressant de voir comment les civils se font à la guerre ou survivent ou continuent de vivre pendant des conflits plutôt que ce qui se passe sur la zone de front. Ça m'intéresse de savoir comment une maman se débrouille pour que ses enfants subissent le moins de stress et de peur possible. Je suis assez fascinée par cet esprit de résilience. Ce sont des héroïnes du quotidien qui ne sont jamais reconnues, qui sont en arrière-plan, mais qui font que la vie continue et pour que les enfants soient moins traumatisés."

La suite à écouter...

Le fil que l'on tire : passion bistrot

Et parce que ce vaste projet de commande photographique suit les grandes dynamiques qui traversent la France, nous nous penchons ce soir sur la non moins évocatrice carte des villages en voie de désertification, alors que 32% des français vivent dans des communes de moins de 3500 habitants dont 26.000 n’ont plus de cafés, et la moitié d'entre elles plus de commerce du tout.
Notre invitée du soir Chloé Brillon est directrice Action Territoriale du groupe S.O.S. à l'initiative du projet 1000 cafés, qui accompagne l'implantation de cafés un peu partout où ils manquent en soutenant de futurs tenanciers et tenancières de bistrots !

Parce que les cafés ont un impact social fort, dans leur dimension conviviale mais aussi pratique puisque dans les petites villes ils font aussi office d'épicerie, de poste, de librairie, de point de renseignement, de tabac-presse... Et ils sont le visage de la France, c'est en tout cas la conviction du photographe Guillaume Blot qui s'est lancé dans un tour de France des PMU l'année dernière !

À écouter : Photo de guerre
La Grande table d'été
1h 04

Programmation musicale :

  • Mairo et H JeuneCrack, Fast Learner (2024)
  • Won One Chanson, Tkay Maidza (2023)
  • Feu Chatterton !, Un monde nouveau (2021)

Programmation musicale

  • Feu! Chatterton

    Monde nouveau

    Album Nouveau monde (2021)

    Label CAROLINE RECORDS

L'équipe

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