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Jour de son arrestation en Iran, détention: l'ex-otage lyonnais Benjamin Brière témoigne pour la première fois

L'ex-otage lyonnais Benjamin Brière a témoigné, ce jeudi 18 avril, pour la première fois depuis sa libération d'Iran. Il a notamment abordé sa période de détention.

Il s'agit de sa première prise de parole depuis sa libération. L'ex otage lyonnais, Benjamin Brière, s'est confié ce jeudi 18 avril, dans l'émission Envoyé spécial sur France 2. Il y a presque un an, il était libéré après trois années de prison en Iran où il était accusé d'espionnage et de propagande. Dans un reportage, il revient sur cette période de détention.

Condamné à huit ans pour espionnage

En 2020, Benjamin Brière voyage seul en van en Iran, mais un matin son périple devient un véritable cauchemar. "Il doit être une heure et demie, deux heures du matin, quand ça cogne sur la carrosserie du van", se souvient-il.

Il ajoute: "Je vois sept, huit militaires, ils fouillent tout le van. Ce qui pose problème, c'est un ordinateur, un drone, un disque dur externe".

Le touriste lyonnais est alors accusé d'espionnage et de propagande contre le régime. Il est emmené par les Gardiens de la révolution, un groupe paramilitaire lié aux services de renseignement iraniens. Il est emprisonné dans une geôle de la prison de Vakilabad, à Mashhad, au nord-est du pays, avant d'être condamné à huit ans de prison pour "espionnage" par un tribunal révolutionnaire iranien.

"On passe des journées enfermés à peu près 21 heures sur 24"

S'en suivent trois années de détention dans un quartier de haute sécurité, dans des conditions difficiles.

"Ce quartier de haute sécurité, c'est une prison dans la prison. Il faut savoir que ce ne sont pas des cellules, ce sont des dortoirs, plus ou moins surpeuplés, plus ou moins délabrés... On passe des journées enfermés à peu près 21 heures sur 24. On a le droit à un peu de sortie le matin, un petit peu de sortie l'après-midi dans une cour qui a une dimension de piscine municipale", raconte Benjamin Brière.

Pendant sa détention, il est le seul étranger et ne peux échanger avec personne. Il n'a le droit qu'à un coup de téléphone, toutes les trois semaines-un mois, qui dure un quart d'heure à vingt minutes. Mais là encore, Benjamin Brière explique ne "rien avoir le temps de dire" à ses proches.

"Comment on oublie les visages de ces gens-là?"

Benjamin Brière se souvient aussi avoir "vu des centaines de personnes" qui passaient "leur dernière nuit en vie, parce que le lendemain matin, ils allaient à l'exécution".

"Un jour, on les appelle et on les reverra plus, ils seront exécutés le lendemain matin par pendaison. Comment on oublie les visages de ces gens-là?", souffle-t-il.

Alors Benjamin mène des grèves de la faim pour alerter le gouvernement français et espérer faire partie d'un échange de prisonniers et pouvoir rentrer en France. Le 12 mai 2023, ses efforts, ainsi que ceux de ses proches, finissent par payer, le Lyonnais est libéré.

Depuis, il est de retour dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et vit à Francheville où il tente de se reconstruire. Il enchaîne les rendez-vous chez le psychologue, écrit un livre et a terminé une formation pour travailler dans l'humanitaire. Pour lui, le combat continue, il est mobilisé pour le retour d'autres otages français.

Solenne Bertrand