Les mots sont cinglants. À la mesure sans doute de l’onde de choc vécue par les responsables du Théâtre de la Cité, à Toulouse. « Vendredi 19 avril 2024, nous avons appris de manière brutale que le Conseil départemental de la Haute-Garonne diminuait sa subvention de 80 %, soit 190 000 euros de moins pour 2024″.
Une « décision unilatérale » comme un « couperet »
Les responsables du lieu de culture de la Ville rose se morfondent. « [Le Département] a également annoncé qu’il ne pourrait pas garantir son accompagnement à partir de 2025. Ce désengagement représenterait une perte cumulée de près d’un million d’euros d’ici 2027, fin du mandat de direction au ThéâtredelaCité ».
Pour eux, « cette décision unilatérale (…) est un couperet dans [leur] élan et [leur] projet, alors que (…) Rachida Dati – ministre de la Culture vient de renouveler le contrat de Galin Stoev (le metteur en scène qui codirige l’établissement avec Stéphane Gil, NDLR) jusqu’en 2027 en accord avec les partenaires publics ».
Baisse des recettes vs rayonnement culturel
Lors du comité de suivi (instance de dialogue et d’évaluation des missions du Centre dramatique national réunissant les quatre tutelles publiques) organisé en urgence mercredi 24 avril, les responsables du Théâtre de la Cité ont « constaté avec désarroi que cette annonce était ferme et définitive ». Ils y voient « une sanction ».
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne, qui « regrette l’interprétation comme la tonalité du communiqué du Théâtre de la Cité », met les choses au clair :
Le Conseil départemental est confronté à une baisse sans précèdent de ses recettes, conjugué à la perte de son autonomie fiscale. La collectivité subit quatre mois d’effondrement des Droits de mutation à titre onéreux (fiscalité sur les transactions immobilières qui est l’une de ses principales recettes fiscales) et la non compensation par l’État de l’augmentation des dépenses sociales.
« Un sabotage »
« Les arguments du Département pour justifier la coupe de sa subvention [ne sont] que conjoncturels et comptables », déplore le Théâtre de la Cité, qui aurait voulu « débattre d’enjeux de politique culturelle, de vitalité de territoire et de service public ».
L’échéance, sans aucune anticipation, que nous ne pouvons lire que comme une sanction, nous met devant un fait accompli sans accompagnement. [C'est le] sabotage d’une des maisons de création les plus importantes et structurantes de la filière culturelle en région Occitanie, dans un écosystème de la culture déjà abîmé depuis la pandémie et l’inflation.
Dégâts collatéraux ?
Tout est à revoir. « À l’heure où la totalité de la saison 2024-2025 est validée, nous devons prendre avec impuissance et désolation des arbitrages négatifs sur le fonctionnement du théâtre, nos missions (création, programmation), notre grille tarifaire, nos partenariats et surtout, sur l’emploi et l’activité artistiques et techniques, qui deviennent de fait les victimes collatérales de cet abandon ».
Le Département tient à relativiser la lecture faite de son désengagement. « La collectivité reste un partenaire mineur [du Théâtre de la Cité] au regard de son budget de fonctionnement s’élevant à plus de 6 millions d’euros ». Tout en martelant sa vocation.
« Les Départements sont d’abord les collectivités des solidarités et de la cohésion territoriale. La Haute-Garonne met tout en œuvre pour garantir ses compétences obligatoires dans un contexte budgétaire très contraint : le soutien et l’accompagnement des plus fragiles, tout en préservant le soutien au tissu culturel local », conclut le Conseil départemental.
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