Agde : la voyante vivait aux frais de la commune

C’est l’histoire d’une voyante ventriloque qui a la capacité de faire résonner une voix qui semble sortie d’outre-tombe. Lorsqu’il l’entend, Gilles d’Ettore, le maire d’Adge, un ancien officier des renseignements généraux, est convaincu que c’est son père décédé qui lui parle. Cette voix va alors lui demander de rendre toutes sortes de services à la voyante. C’est ainsi qu’un employé municipal lui installera une douche solaire. Le chauffeur du maire emmènera ses enfants à l’école dans le Gard. Lorsqu’elle veut publier un livre, l’édile se démène pour lui obtenir un contrat d’édition. Et des proches de la voyante seront même employés par la collectivité. Son mari sera notamment nommé directeur du centre technique municipal.

Mais ces cadeaux coûtent cher. Rien que le mariage de la voyante revient à 28 000 euros de traiteurs auxquels s’ajoutent 8 000 euros de location d’un château. Trop cher pour l’élu qui demande donc à des entrepreneurs de mettre la main au portefeuille. Le directeur d’un hypermarché d’Agde débourse 6 000 euros. Le directeur de l’établissement local de la société Eiffage Sud financera l’installation d’une véranda. En contrepartie, il réduira sa subvention aux clubs de sports de la ville.

En octobre 2023 cependant, l’épouse du maire, alors en pleine séparation, dépose plainte. Des témoignages anonymes sont aussi envoyés au parquet. Des écoutes téléphoniques révèlent alors que le maire et la voyante s’appelaient jusqu’à 10 fois par jour, et que la mystérieuse voix se manifestait aussi par téléphone. Depuis, gardes à vue et mises en examen se succèdent. La municipalité n’envisage cependant pas de se porter partie civile. Par solidarité envers Gilles d’Ettore, mais aussi sans doute de peur d’ouvrir une boite de Pandore. Placée en détention provisoire, la voyante aurait commencé à exercer ses talents auprès des autres détenus.

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Comment le maire d’Agde est tombé sous l’emprise d’une voyante ventriloque et la voix de "l’archange Michaël", un article de Samuel Laurent pour le journal Le Monde.